Pathologies du cheval

 
Maladies internes
 
       
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Maladies de l'appareil digestif et de ses annexes

Les coliques

Les coliques ne sont pas une maladie en soi : ce terme désigne globalement toutes les douleurs abdominales. C'est un syndrome indiquant principalement un trouble digestif.
Le mot "coliques" évoque un cheval aux naseaux dilatés qui souffre, gratte le sol du pied, se donne des coups de pied contre l'abdomen, se mord le flanc, se roule à terre et sue. Il peut aussi se camper comme pour uriner, mais il souffre trop pour contracter l'abdomen afin de se vider la vessie. Parfois il reste debout, prostré et sans appétit ou se couche et se relève de façon répétée pour soulager la douleur abdominales.

Il faut distinguer les coliques d'origine digestives des autres, comme par exemple les douleurs liées à l'ovulation, au poulinage, à la fourbure, aux myosites à la fièvre, aux courbatures ou aux calculs urinaires.
Le cheval a un système intestinal particulier qui le prédispose à divers syndromes provoquant de la douleur.
Les coliques peuvent résulter d'une tension excessive ou d'un étirement du mésentère qui soutient les anses intestinales à l'intérieur de l'abdomen. Des spasmes de l'intestin dus à une irritation ou à une diminution de la circulation provoquent également de la douleur.
Les chevaux ont besoin d'absorber tous les jours un poids d'aliments atteignant 2,5 % de leur poids corporel, soit 12,5 kg environ pour un cheval de 500 kg. Au moins la moitié de ces aliments doit être formée de fourrages grossiers pour fournir les fibres qui stimulent les contractions de l'intestin. Un cheval nourri exclusivement d'aliments en granules ou ne recevant qu'une quantité limitée de foin s'ennuie. Son besoin naturel de mastication le pousse à ronger les barrières, à manger de la terre ou du sable ou à consommer ses propres excréments.

Le gros côlon comporte cinq segments. Son diamètre diminue brutalement à plusieurs points de jonction des ces segments. C'est au niveau de ces resserrements que les matières alimentaires ou des corps étrangers peuvent provoquer une obstruction, empêchant un transit normal des ingesta et des gaz. Le petit côlon a des fonctions semblables à celles du gros côlon, mais son diamètre est plus faible. Les matières alimentaires y sont ainsi comprimées à mesure que les excréments se transforment en crottins.
Tous les segments de l'intestin sont anatomiquement et fonctionnellement interdépendants. Des ondes contractiles régulières (péristaltisme) et une circulation intestinale, artérielle et veineuse normales sont indispensables pour la santé. Une perturbation d'un quelconque de ces mécanismes déclenche une succession d'événements provoquant des troubles digestifs.

Appareil digestif avec le mésentère en forme d'éventail
qui soutient l'intestin grêle.

 
 

Coliques spasmodiques

Les coliques spasmodiques sont dues à des contractions excessives de l'intestin. Ce type de coliques peut être dû à la nervosité ou à l'excitation qui sont parfois en rapport avec des modifications soudaines du temps ou de la pression atmosphérique. Le stress lié aux transports ou aux compétitions sportives peut perturber le contrôle nerveux de l’ingestion et en modifier les contractions. Les plantes toxiques ou des substances irritantes mêlées au foin peuvent aussi fortement l'enflammer et provoquer la mort. Certains médicaments et des vermifuges à base d'organophosphorés peuvent en stimuler excessivement les contractions.
Des anomalies graves du péristaltisme intestinal peuvent faire qu'un segment d'intestin s'engage dans le segment suivant. Cette "invagination" provoque une obstruction avec détérioration rapide de l'état du cheval par suite d'une nécrose et d'une gangrène de l’ingestion. Il s'agit d'une affection très douloureuse et mortelle en l'absence d'une intervention chirurgicale rapide.

 

Coliques de stase

Une surcharge ou une obstruction du gros côlon prend des heures ou des jours avant de se développer complètement et provoquer des manifestations de douleur. Une fois suffisamment étendue, la surcharge comprime l'intestin ou perturbe la motricité intestinale. Des contractions intestinales anormales ou une distension par des gaz provoquent une douleur légère ou intermittente qui peut s'accompagner d'abattement et d'inappétence.
Les tumeurs de l'intestin ou les abcès abdominaux peuvent simuler des coliques par stase. Ils compriment l'intestin, réduisent la circulation sanguine ou modifient le péristaltisme. Même si le cheval ne présentait pas initialement de stase, la perturbation du fonctionnement intestinal peut provoquer une stase dite secondaire.

Causes des coliques de stase (bouchons)

Les obstructions intestinales sont souvent provoquées par un affaiblissement des contractions des muscles lisses de l'appareil digestif. Lorsque des aliments s'accumulent et stagnent dans l'intestin, l'eau qu'ils contiennent est absorbée. Lorsque la surcharge commence, les muscles de la paroi intestinale se contractent pour essayer de faire progresser les matières alimentaires. Ces contractions ne provoquent pas seulement de la douleur mais elles chassent aussi les liquides, ce qui aggrave les troubles car les matières alimentaires deviennent solides et ne peuvent plus être mobilisées ce qui provoque une obstruction. Les coliques de stase peuvent être dues à un manque d'exercice, des aliments grossiers, des calculs intestinaux (entérolithes), un abreuvement insuffisant, la consommation de paille, un parasitisme intense ou la consommation de matières anormales.

Manque d'exercice

Un exercice physique insuffisant ralentit la circulation sanguine dans tous les muscles, y compris ceux de l'intestin ce qui altère la motricité de l'intestin et peut donner lieu à une obstruction. Par temps froid ou humide, des chevaux habitués à être à l'extérieur sont parfois rentrés à l'écurie où l'exercice est encore diminué.

Aliments grossiers

Les aliments très secs ou grossiers provoquent parfois une obstruction intestinale. De plus, des problèmes dentaires peuvent éventuellement aggraver la situation en diminuant la capacité à broyer convenablement la nourriture. Les aliments grossiers irritent la muqueuse intestinale et provoquent diarrhée ou constipation.

Abreuvement insuffisant

Pour digérer la grande quantité de fibres que le cheval absorbe chaque jour, il a besoin de grands volumes d'eau pour alimenter les processus métaboliques normaux et maintenir l'état d'hydratation. Par temps frais, un cheval consomme 20 à 60 litres d'eau par jour. S'il fait excessivement chaud, la sudation et une déshydratation peuvent soustraire de l'eau à l'intestin et dessécher l'ingesta. Une obstruction peut aussi résulter d'un accès insuffisant à l'eau claire ou non gelée. L'eau gelée ou très froide décourage le cheval de s'abreuver.
En tant que propriétaire de chevaux, nous nous sommes laissés dire que par temps froid la fourniture d'un supplément de foin produit de la chaleur à titre de sous-produit de la décomposition des fibres dans le gros côlon. Nous avons donc ajouté du foin à la ration, ce qui convient dans les circonstances normales mais le cheval ne boit pas assez, cette pratique aggrave le problème en augmentant les fibres contenues dans l'intestin sans apporter une quantité d'eau suffisante pour les traiter. Les aliments grossiers et les concentrés augmentent le besoin d'eau nécessaire pour une digestion correcte.

Aliments grossiers

Les aliments très secs ou grossiers provoquent parfois une obstruction intestinales. De plus, des problèmes dentaires peuvent éventuellement aggraver la situation en diminuant la capacité à broyer convenablement la nourriture. Les aliments grossiers irritent la muqueuse intestinale et provoquent diarrhée ou constipation.

Consommation de paille

Les litières de copeaux ou de paille peuvent anormalement devenir appétissantes pour un cheval qui s'ennuie ou qui présente une carence en fibres. Il peut alors en consommer à l'excès. Les matériaux de litière sont fréquemment cause de surcharge. Un jument en gestation peut également manger sa litière quand elle est soudainement confinée dans un milieu nouveau en vue du poulinage.

Calculs intestinaux

Dans certaines régions, les caractères particuliers de l'eau et du sol contribuent à provoquer des coliques dues à des entérolithes ou calculs intestinaux formés de sels minéraux entourant un caillou ou autre petit objet (déposés en couches successives autour du noyau central). Les coliques apparaissent quand le calcul est devenu suffisamment volumineux pour faire obstacle au passage des matières alimentaires ou des gaz.

    

Les calculs intestinaux sont de taille très variables selon leur ancienneté

 

Signes des coliques de stase

Les signes précoces comprennent un léger abattement, une diminution de l'appétit, un décubitus fréquent et le rejet de crottins peu nombreux, secs et durs ou l'absence de défécation. Le cheval défèque normalement 8 à 12 fois par jour en moyenne. Cette fréquence peut diminuer sur plusieurs jours avant qu'on ne remarque le problème.
Plus la stase est reconnue précocement, plus les chances de guérison sont grandes par un traitement médical utilisant des laxatifs et une réhydratation par voie orale et des antalgiques. Une intervention chirurgicale est parfois nécessaire pour lever l'obstruction. Une pression excessive sur l'intestin ou l'arrêt de la circulation sanguine provoque la nécrose d'une partie de celui-ci. Son ablation chirurgicale prévient un choc septique et la mort.

Prévention des coliques de stase

La prévention semble simple : abreuvement abondant, aliments de qualité et exercice. Il faut particulièrement s'efforcer de faire travailler le cheval en hiver ou de lui trouver une grande aire d'exercice. Un exercice à la longe ou le jeu dans un groupe de chevaux sont préférables. La routine quotidienne doit être variée afin que les chevaux en claustration ou manquant d'exercice ne s'ennuient pas et ne mangent pas leur litière ou des corps étrangers.
Le cheval doit toujours avoir librement accès à de l'eau fraîche non gelée. Un chauffe-abreuvoir maintient l'eau à température convenable, même pendant les hivers les plus rigoureux. On doit s'assurer qu'il ne se produit pas de court-circuit et que le cheval ne reçoit pas une décharge électrique chaque fois qu'il cherche à boire. Si un dominant monopolise l'abreuvoir, il faut en installer un second.
Il faut fournir au cheval du foin de bonne qualité, ni trop fin ni trop grossier. Un mash au son n'a pas d'effet laxatif en raison de l'anatomie particulière de son intestin, mais il favorise sa consommation d'eau. L'addition d'une ou deux cuillères à soupe de sel au mash encourage encore davantage l'absorption d'eau, mais il ne faut pas en donner à un cheval qui boit peu, car le sel aggrave la déshydratation.
On peut prévenir des coliques de stase graves en surveillant avec soin le nombre des défécations, les caractères des crottins, la quantité d'eau bue par le cheval et son attitude générale.

 

Coliques gazeuses

Toute modification de la motricité de l'intestin provoque des troubles. On parle d'iléus quand les contractions de l'intestin disparaissent totalement. Les fermentations continuent mais les gaz ne sont plus propulsés en direction du rectum. Ils s'accumulent dans l'intestin dont la distension provoque de la douleur et les bactéries y pullulent puis commencent à mourir. En mourant, certaines d'entre elles libèrent des endotoxines pouvant provoquer un choc, une fourbure ou la mort.
L'accumulation de gaz dans l'intestin paralysé entrave la circulation sanguine en exerçant de la pression sur les vaisseaux sanguins étirés. Des parties de l'intestin peuvent se déplacer quand des segments distendus par des gaz cherchent à occuper complètement la cavité abdominale. Normalement, la partie gauche du gros intestin flotte librement dans l'abdomen, sans être fixée à la paroi du corps ni à d'autres organes. Le gros intestin est ainsi exposé à subir des déplacements importants à l'intérieur de l'abdomen.

 

Torsion de l'abdomen

Des contractions anormales, aidées par la pesanteur, peuvent provoquer une rotation de l'intestin qui peut aller jusqu'à la torsion. Cela peut arriver au gros côlon gauche, prédisposé du fait de son absence de fixation à subir les effets d'une distension gazeuse, d'un péristaltisme anormal ou d'un iléus.
Il est erroné de penser que le cheval provoque une torsion de l'intestin en se roulant sous l'effet de la douleur. Cela peut effectivement arriver, mais elle peut aussi se produire, même sur un sujet debout. Il faut laisser le cheval se coucher calmement, mais l'empêcher de se rouler afin qu'il ne se blesse pas ou ne blesse pas les personnes qui le soignent. Il peut être bénéfique de le faire marcher ou trotter pendant 10 - 15 minutes et de le garder en mouvement jusqu'à l'arrivée du vétérinaire. Par contre, des heures de marche l'épuisent ainsi que son soigneur. un exercice forcé prolongé consomme une énergie et des calories nécessaires pour combattre les troubles.

Alimentation

Les coliques sont souvent dues à des erreurs d'alimentation. trop d'aliments riches (céréales, foin de luzerne, pâturages luxuriants) favorisent une production excessive de gaz dans l'estomac et le gros intestin.
Les changements brusques d'alimentation sont nocifs pour la microflore bactérienne de l'intestin et prédisposent à une production excessive de gaz ou d'endotoxines. Les aliments moisis ou la fourniture soudaine de grandes quantités de céréales ou de foin de légumineuses perturbent les phénomènes digestifs.

 

Alimentation après l'exercice

Il peut être dangereux de donner à manger au cheval immédiatement après un exercice intense car à ce moment-là, le sang circule encore principalement dans les muscles et il est détourné de l'estomac. Cette insuffisance de la circulation retarde la vidange de l'estomac et favorise les fermentations. Quand le cheval est revenu au calme, la circulation digestive est normalisée et la fourniture d'aliments est sans danger. Le temps nécessaire pour son retour au calme dépend de sa condition physique, de l'importance de l'effort fourni et de la température et de l'humidité ambiantes.

Abreuvement après exercice

La consommation d'eau trop froide après l'exercice peut provoquer un spasme du sphincter pylorique séparant l'estomac de l'intestin grêle qui retarde la vidange de l'estomac dont la distension par des gaz est très douloureuse et provoque des coliques soudaines et violentes.

Tic à l'appui

Le tic à l'appui est un comportement anormal qui nuit aux performances. Le cheval contracte ce vice d'abord par ennui puis il continue par habitude. Le cheval tiqueur saisit entre ses incisives un objet solide et fixe, comme une auge ou une porte. Il tire ensuite sur l'objet et déglutit de l'air à chaque effort de traction. Non seulement le tic le détourne de la nourriture et de la boisson mais il l'expose à des coliques gazeuses. Il est difficile de maintenir un cheval tiqueur en bon état d'embonpoint et ses performances en souffrent. Le tic à l'appui pose également des problèmes du fait de la détérioration des barrières, porte, etc.
Il est facile de reconnaître les chevaux tiqueurs à l'usure anormale de leurs incisives qui sont biseautées. Un collier anti-tic combat ce comportement anormal en provoquant une douleur quand le cheval tire en arrière en fléchissant la tête et la partie supérieure de l'encolure car il comprime les chairs et rend le tic douloureux.
Une intervention chirurgicale est possible mais elle n'a qu'un succès limité, inférieur à 60 %. Elle consiste à sectionner les nerfs fournissant les muscles de la partie inférieure de l'encolure que le cheval utilise pour tiquer.

 

 

Coliques dues aux lipomes

Les chevaux obèses sont prédisposés à développer des lipomes, tumeurs du tissu adipeux. La graisse s'accumulant dans l'organisme forme des masses dans le mésentère qui, sous l'effet de la pesanteur, s'étirent et développent un pédicule les reliant au mésentère. Une anse d'intestin grêle peut se prendre sur ce pédicule et être étranglée.

 

Coliques d'origine parasitaire

Les parasites internes provoquent une inflammation en migrant à travers la muqueuse intestinale ou les vaisseaux sanguins irriguant les intestins. Les strongles perturbent la circulation alors que les ascaris peuvent provoquer une obstruction intestinale. L'interruption de la circulation prive d'oxygène les anses intestinales et perturbe leur contrôle nerveux. Le péristaltisme est perturbé ou cesse complètement.
D'autres parasites internes lèsent et érodent la paroi intestinale et entraînent un passage de matières fécales dans la cavité abdominale. Il en résulte un inflammation et une infection, la péritonite, qui est douloureuse et parfois mortelle.
On ne saurait surestimer le rôle des parasites dans les coliques. Un nettoyage soigneux des écuries et des paddocks, associé à un programme rigoureux de vermifugation tous les 2 mois, prévient efficacement ce type de coliques.

Strongles

Ascaris

 

Coliques de sable

Avec le temps, le cheval peut absorber de grandes quantité de terre ou de sable qui finissent par lui peser lourdement sur l'intestin et en éroder gravement la muqueuse. Ce processus est insidieux et une longue période peut s'écouler avant qu’il aboutisse à des coliques.
Celles-ci ne sont pas seulement le problème de zones particulières à sol meuble ou sableux ; elles peuvent se produire dans toutes les régions à sol de sable, d’arène granitique ou simplement de terre ordinaire. Les manèges et les paddocks sont souvent recouvert de sable qui peut ainsi être amené dans une région où il n'existe pas naturellement.

Mécanisme des coliques de sable

L'anatomie du gros côlon du cheval favorise l'arrêt et le blocage du sable dans ses parties rétrécies et ainsi si une quantité excessive s'accumule dans le gros côlon, elle empêche le passage des matières alimentaires. Ce blocage entraîne en amont une accumulation de gaz qui distend l'intestin et provoques de la douleur. Les réflexes douloureux et les spasmes autour des matières alimentaires bloquées peuvent arrêter le transit et des contractions péristaltiques anormales entraîner un déplacement ou une torsion de l'intestin.
Au niveau même du blocage, le sable lourd et abrasif peut éroder la paroi de l'intestin. Une nécrose par compression peut aussi entraîner un passage de matières alimentaires dans la cavité abdominale. Il peut en résulter un infection abdominale (péritonite), un choc septique et la mort. La rupture d'une partie d'intestin distendue ou affaiblie peut avoir les mêmes conséquences.

Symptômes des coliques de sable

Certains symptômes sont caractéristiques des troubles dus à l'ingestion d'un excès de sable. Une diarrhée persistante se produit souvent (chez 35 % des chevaux) avant que n'apparaissent les symptômes douloureux. En abrasant la muqueuse de l'intestin, le sable perturbe l'absorption des éléments nutritifs et de l'eau et la diarrhée s'intensifie à mesure que la motricité de l'intestin diminue. Chez certains animaux, les seuls signes peuvent être une diminution de l'appétit et un amaigrissement. Les performances peuvent se dégrader sous l'effet du malaise chronique et des troubles de la digestion. D'autres ont de légères crises de coliques à répétition qui débutent parfois pendant ou après le travail, comme si l'action abrasive du sable déclenchait des spasmes intestinaux douloureux. Il faut imaginer l'intestin, avec un revêtement intérieur rigide, soumis aux mouvements d'un exercice intense.
Il faut faire examiner par le vétérinaire tout cheval présentant une diarrhée chronique ou des crises répétées de coliques. Il est indispensable de connaître le trouble précocement et avant qu'il ne soit trop avancé pour être corrigé. Les constatations faites à l'autopsie de chevaux morts de coliques de sable donnent une idée de la gravité que peut prendre l'accumulation de sable. Jusqu'à deux tiers de la cavité de l'intestin peuvent être remplis de sable, d'une paroi à l'autre. Par endroit, les matières sableuses peuvent être effritées entre les doigts ; à d'autres, elles sont si tassées qu'on ne peut les rompre à la main.

Conduite à tenir

Système d'alimentation
La consommation d'aliments donnés sur le sol peut ressembler au pâturage naturel mais il faut tenir compte de ce qui se passe : le cheval commence par l'étaler pour choisir les parties les plus friandes. Il peut marcher sur le foin et l'en foncer dans le sol et quand il n'y a plus que des restes et qu'il a encore faim, il les consomme, terre comprise. SI on lui donne de la luzerne, des feuilles tombent et il ingère également de la terre en cherchant à les manger. En se renversant, les récipients contenant des céréales répandent celles-ci sur le sol et les derniers grains seront également ingérés avec de la terre. Dans les prés sur-pâturés, le cheval mange l'herbe rase avec ses racines et la terre qu'elles retiennent.
Les chevaux nourris de granules terminent rapidement leur repas. Le manque de fibre ou l'ennui les pousse alors à manger du fumier (et de la terre) ou à ronger les barrières, etc. Un manque de fibre diminue la stimulation du gros côlon par les matières alimentaires, ce qui ralentit le transit et permet au sable de se déposer. Si la seule source d'eau est une mare peu profonde, boueuse ou sableuse, les matières minérales en suspension se déposent également dans l'intestin du cheval.

Diagnostic

Auscultation
Le vétérinaire peut ausculter l'abdomen en avant de l'ombilic et entendre éventuellement dans son stéthoscope un bruit semblable à celui que fait la mer sur le rivage ou qu'on entend en appliquant un coquillage sur son oreille. Le bruit peut aussi ressembler à celui produit en faisant tourner lentement un sac en papier partiellement rempli de sable. Pour que des bruits de sable soient audibles, l'intestin doit être assez alourdi pour être au contact de la paroi abdominale et il doit être en train de se contracter.

Sable dans les excréments
Toute présence de sable ou de petit gravier dans les excréments est significative, mais son absence ne garantit pas qu'il n'y en ait pas. Un test simple permet de confirmer une accumulation de sable : au centre d'un tas d'excrément fraîchement émis, on prélève six crottins n'étant pas entrés en contact avec le sol. On les mélange à un litre d'eau. Après que les matières solides se sont déposées, on mesure la quantité de sable se trouvant au fond su récipient. Une quantité supérieure à une cuillère à café par six crottins est anormale.

Palpation rectale

La palpation de l'intestin par voie rectale ne fournit pas toujours des informations certaines. Si une grande quantité de sable est présente dans l'intestin, elle peut tirer le gros intestin au fond de l'abdomen et hors de la portée de la main.

Ponction abdominale

La ponction abdominale (paracentèse abdominale) consiste à faire pénétrer une aiguille dans la cavité abdominale pour apprécier le volume et les caractères du liquide abdominal. On n'utilise généralement pas cette technique pour le diagnostic des coliques de sable mais, si elle révèle fortuitement de sable, cela peut préciser un diagnostic de coliques. La ponction peut donner du sable, car le poids de celui-ci applique l'intestin sur la paroi abdominale et l'aiguille peut pénétrer accidentellement dans l'intestin.

Radiographie

La radiographie peut confirmer la présence de sable dans l'intestin mais il faut un matériel puissant qui n'existe souvent que dans les établissements d'enseignement vétérinaire.

Traitement des coliques de sable

Hydratation
Pour faciliter l'élimination du sable, le traitement médical des coliques de sable doit rétablir une humidité adéquate du contenu de l'intestin grâce à une réhydratation convenable par voie orale et intraveineuse. Un abreuvement abondant entraîne les matières alimentaires et évite leur déshydratation et leur stase.

Laxatifs
On administre les laxatifs à la sonde gastrique. Le meilleur médicament est à base de mucilage de graines de Psyllium. On croyait autrefois que le Psyllium permettait l'élimination du sable par un effet lubrifiant dû à son caractère gélatineux, mais on pense maintenant qu'il stimule les contractions de l'intestin dans lequel il attire l'eau.
Une étude radiologique a montré qu'un traitement de deux jours seulement par le Psyllium guérit les diarrhées chroniques dues au sable. Cependant, en raison du temps pris par le sable pour s'accumuler, son élimination peut également être longue. Le traitement des chevaux à surcharge sableuse grave comprend l'administration de Psyllium à la sonde gastrique pendant 2 à 5 jours, suivie de 250 g dans la nourriture deux fois par jour chez le cheval adulte et de 125 g chez le poulain. On poursuit ce traitement pendant quatre à cinq semaines durant lesquelles on trouve irrégulièrement du sable dans les excréments ; il convient donc de ne pas arrêter le traitement prématurément.

Antalgiques
Les antalgiques tels que les AINS contribuent à la guérison des coliques de sable. Ils réduisent les spasmes des parties d'intestin surchargées et permettent l'évacuation des gaz et le passage de l'eau jusqu'aux parties obstruées. Le soulagement de la douleur due à l'effet abrasif du sable améliore la consommation d'eau de d'aliments.

Foin
Si le cheval souffre peu et a encore des défécations, un foin de bonne qualité peut favoriser l’élimination du sable.

Chirurgie
La chirurgie peut être indiquée dans les coliques de sable si :
- le traitement médical a peu d’effet dans les 48 - 72 heures ;
- les paramètres vitaux tels que la fréquence cardiaque, le temps de remplissage capillaire et la couleur des muqueuses se dégradent ;
- les coliques persistent et s’aggravent.
La chirurgie peut être le seul moyen pour éliminer le sable de l'intestin. Les chances de survie du cheval dépendent de la vigueur avec laquelle on le traite. Une étude a établi que les chevaux opérés pour coliques de sable ont un taux de survie de 50 %. Une autre a montré que le taux de survie est de 92 % après une opération si un traitement énergique a été pratiquée avant que l'intestin ne se nécrose et ne se gangrène.

Son
Contrairement à la croyance populaire, le son n'a pas d'effet thérapeutique ou préventif. Du fait de l'anatomie particulière de l'intestin du cheval, lorsque la quantité relativement faible de son atteint le gros intestin, elle peut difficilement avoir un effet laxatif. L'appareil digestif du cheval est radicalement différent de celui de l'homme. Le son encourage l'absorption d'eau, ce qui améliore indirectement la motricité intestinale et la progression des matières alimentaires. Si le péristaltisme propulse normalement les aliments, les excréments ne resteront pas assez longtemps dans l'intestin pour que le sable se dépose.

 

Prévention des coliques de sable

On doit étudier les habitudes alimentaires de chaque cheval, en particulier de ceux qui mangent n'importe quoi ou qui explorent en permanence le sol. Pour prévenir les coliques de sable chez eux, il faut leur fournir davantage de fourrage grossier, les nourrir plus fréquemment ou leur faire faire davantage d'exercice pour éviter qu'ils ne s’ennuient. Dans de rares cas on leur applique une muselière (appelée "panier déjeuner") pour les empêcher de manger de la terre.

Modification des pratiques alimentaires
Tenant compte du besoin ancestral qu'a le cheval de manger fréquemment de petites quantités d'aliments fibreux de bonne qualité, on peut modifier ses pratiques alimentaires non seulement pour prévenir les coliques de sable mais aussi pour améliorer la santé de son appareil digestif et son équilibre psychique. Le cheval est plus performant si son besoin de "grignoter" constamment est satisfait par l'accès libre à du foin de prairie de bonne qualité. Il ne faut donner des suppléments de luzerne et de céréales qu'aux chevaux travaillant durement ou difficiles à maintenir en état. La fourniture d'une quantité suffisante de foin ou des repas fréquents peuvent faire disparaître l'habitude de certains chevaux de lécher le sol ou de manger de la terre. En évitant le sur-pâturage des prés, on assure assez d'herbe aux chevaux qui ne mangent pas de terre. Un libre accès à du foin de prairie, du sel et de l'eau limite l'absorption de sable et de terre.

 

Utilisation de mangeoires
Il est important de ne pas donner le foin sur le sol pour prévenir les coliques de sable. Les râteliers, les filets à fourrage et les nourrisseurs en pneumatiques en réduisent la dispersion. Dans des cas particuliers, on peut les remplacer par des tapis en caoutchouc ou des plaques de béton. U autre problème se pose quand les aliments sont donnés en hauteur : les chevaux sont exposés à des problèmes respiratoires. L'appareil respiratoire ne peut en effet pas se préserver des corps étrangers et des spores de champignons car la tête n'est pas tenue dans une position naturelle. Du foin est également tiré du râtelier et tombe sur le sol. Avec des mangeoires en pneumatiques, les aliments ont plus tendance à rester là où il faut et ils permettent au cheval de s'alimenter la tête basse.
Il faut tenir compte de ce que les jeunes poulains peuvent se coincer dans de telles mangeoires et se blesser. Quant aux jeunes chevaux (et certains adultes) ils aiment ronger ces mangeoires en pneumatique et les flancs blancs ou la gomme ingérées peuvent provoquer des coliques de stase graves.

 

Fourniture d'eau pure
Il faut vérifier qu'il n'y a pas de sable au fond des abreuvoirs car sa présence indique que la bouche des chevaux en contient. Une eau pure et fraîche encourage les chevaux à s'abreuver ce qui est favorable à l'intégrité et au bon fonctionnement de l'appareil digestif.

Traitement préventif
Un traitement médicamenteux utilisant les graines de Psyllium en association avec un changement des pratiques alimentaires permet de prévenir les coliques de sable. Il faut donner chaque mois une tasse de Psyllium cinq jours de suite mais éviter un traitement prolongé car son effet laxatif perturbe légèrement l'équilibre hydrique et électrolytique. Le traitement peut être prolongé dans les cas rebelles ou sous contrôle du vétérinaire.

 
 
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